J’ai eu l’occasion pour le week-end de Pâques de faire mon premier raid à ski en compagnie de 2 amis dont un guide de haute montagne.
L’idée de ce raid était de faire un petit tour du Mont Rose en ski en partant depuis Zermatt. L’avantage de cet itinéraire est de pouvoir alterner peaux de phoque et remontées mécaniques en cas de mauvaises conditions météos.
Jour 1, départ pour Zermatt.
Départ de Menthon à 6h du matin pour rejoindre la gare de Tasch. Zermatt n’est accessible qu’en train, aucune voiture dans cette station du valais. Le temps est médiocre, beaucoup de vent, plus de 50km de cumul annoncé, bref, pas la journée idéale pour le début de notre aventure. Nous décidons de monter avec les remontées au petit cervin et de descendre vers notre premier point de chute au refuge Ferraro à Champoluc.
Merci les remontées suisses de Zermatt, le budget en prend un coup, plus de 60 francs suisses pour la montée sèche….
Arrivés au sommet, conditions dantesques, vent, brouillard, neige. On décide de s’encorder pour descendre sur le glacier côté italien. La descente n’est pas très agréable. Je découvre une méthode nouvelle pour avoir un point de repère. Notre ami guide met une bouteille au bout de sa sonde dont il se sert comme une canne d’aveugle. Cela lui permet de voir à peu près où on va. Nous arrivons tant bien que mal à Champoluc au refuge Ferraro pour partager une soirée comme les refuges italiens savent nous en faire passer. Spritzzzzzzz !
Réveil 7h et force est de constater que la météo n’est pas encore de notre côté. Brouillard, neige, aucune visibilité ça va encore être sportif aujourd’hui. Pour autant le moral des troupes est au sommet après cette superbe étape italienne. On décide de monter malgré tout au refuge Montova en traversant le domaine de Monte rosa. On tentera une petite marche vers le refuge si le temps le permet et au pire, on fera des globules au refuge.
Le soleil pointe légèrement en début d’après midi nous permettant de découvrir les innombrables possibilités de Champoluc et Gressoney. Le décor est magnifique, sauvage et gavé de poudre. Malheureusement une fois arrivée à Indren, le temps se recouvre et impossible d’aller plus loin une fois arrivée à Montova.
Le refuge est complètement différent, on est moins dans l’auberge comme à Ferraro mais bien dans un beau refuge d’altitude à 3498m. Pour ma première nuit à cette altitude je sens les effets sur mon corps. Le refuge a été rénové il y a peu de temps. Babyfoot et bonne ambiance assurée malgré l’altitude et le temps médiocre. On passe une bonne soirée et une bonne nuit d’acclimatation.
Au 3ème jour, dame nature nous accorde une fenêtre météo idéale. Il a neigé 20 cm dans la nuit et pas un nuage à l’horizon. On se décide à tenter la descente sur Zermatt. Notre guide décide de nous emmener au passage du Lys, puis de nous faire descendre sur Zermatt via Gnifetti pass et de descendre le glacier du Grenz. Un peu moins de 1000m de dénivelé mais avec un départ à 3500m ça sèche. Heureusement après une bonne nuit en altitude le corps a eu le temps de faire des globules. Temps magnifique, mais froid, le bon thé chaud préparé par la gardienne du refuge nous aide à maintenir notre corps au chaud. Les paysages sont magiques, nous sommes à la frontière entre la s-Suisse et l’Italie, entre le Valais, la vallée d’Aoste et le Piemont, des sommets à 4000m qui s’enchaînent à perte de vue. La descente sur Zermatt est simplement golden. Une seule trace devant nous, un grand soleil, une neige fraiche, peu de vent, bref un moment qui restera sans doute encré comme un des meilleurs de cette saison capricieuse. On enchaine les virages entre les séracs dans ce paysage superbe. La descente sur Zermatt se déroule sans encombre. Quelques petits passages scabreux sont encore à passer juste avant l’arrivée, des gouilles remplies d’eau au bord de la piste, une petite descente en rappel sur un parapet en bois mais pas de quoi nous affoler et nous empêcher de manger une bonne croute à Zermatt. On se sent un peu bizarre. Nous étions seul au monde à 4500m d’altitude et on se retrouve au centre d’une station très jolie mais huppée avec plein de skieurs touristes. Après s’être restaurés, nous remontons avec le téléphérique pour rejoindre le sommet de la station. Le gardien du refuge de Montova nous a conseillé de dormir au refuge Guido Del Cervinio.
On arrive au refuge vers 16h et là petite déception. Enormément de monde, le refuge est situé sur le domaine skiable donc il est peuplé à la fois de skieurs qui cherchent à passer un moment festif mais aussi de randonneurs qui cherchent à se reposer pour se préparer à la course du lendemain. Le mélange des genres n’est pas forcément très réussi. On dîne, on met les boules quies et dodo pour aller taquiner Castor et Pollux le lendemain.
Jour 4
On se réveille tôt pour partir avant que tous les fêtards ne se réveillent. On remonte jusqu’au petit Cervin pour traverser jusqu’au col qui est entre les sommets de Roccia Nera et Pollux. Il y a beaucoup de vent et il fait très froid. La Suunto indique presque -20 en ressenti. L’avantage du vent c’est que les déposes ne sont pas possibles et cela nous laisse un peu de temps pour faire nos traces. En effet en Suisse et en Italie, on est toujours un peu embêté par les balets incessants des hélicos qui déposent des skieurs sur les sommets à plus de 4000 m. Par contre, le vent souffle tellement fort qu’il ne nous est pas possible de tenter Pollux. On décide donc de retirer les peaux au col et de descendre sur Zermatt par Zwillingglether. Encore une fois, la descente est àla hauteur de nos espérances, même s’i y a un peu plus de traces que la veille . On a le Cervin en pleine face et on repère encore plein de choses à faire le jour où on reviendra 😉
On redescend sur Zermatt par le même itinéraire que la veille sauf que ce soir, on doit rentrer à la maison. On est tous un peu fatigués mais nous n’avons pas envie de rentrer. Dans la voiture, en descendant la vallée du Rhône, en regardant les sommets, on constate qu’il y a encore beaucoup à faire dans le coin…
Il vient de neiger en altitude, il y a un soleil incroyable, la vue est magique . Mais pas le choix, demain il faut retourner au turbin alors on rentre avec plein de belles images et plein de projets pour les saisons à venir.
C’était mon premier raid à ski et ça ne sera pas le dernier 😉
